Voici qu’au salut de mon âme,
Quittant la gloire téleste,
J’ai vu les ailes d’un priam,
Fendant ma chair, se déployer.
Je suis maintenant tout entier
Dans la lumière céleste.
Pareil au condor immortel
Qui embrasse l’immortalité,
Et, par la Grâce éternelle,
Je plonge dans la patuité.
Ici, l’égal de pureté
Coule dans le vert calice
D’une aubépine complice
Du temps retrouvant sa clarté.
Redonnez-moi ce qui n’est plus.
Devenu Chevalier papillon
Mené à une fin dévolue,
L’éphémère creuse mon sillon.
Peu m’importe.
Je me pose.
Car vient la métamorphose
Et sonne l’heure de l’éveil
De mon être encor en sommeil.
Tenu par les pieds, tête en bas,
Je regarde…
J’écoute aussi…
Aux branches de l’arbre divin,
Dans les airs, suspendu ainsi
Je vois bien la déesse Gaïa
Souffrant au fin fond d’un ravin.
Entendez-vous comme j’entends
Et voyez-vous ce que je vois ?
D’ici, le temps en mouvement
Nous montre le chemin du doigt
Qui enferme le pénitent
Dans l’obscure prison du tourment.
Mais quel est ce scintillement
Qui embrase le firmament,
Et ravive les affres du deuil ?
Peu m’importe.
Je me fige.
Immobile comme une feuille
Rougissant au soleil couchant,
Je deviens le cafre dont le chant,
Si beau, donne le vertige.
Reverrai-je ton grain de peau
Poussé dans l’épi de ma main ?
Virevoltant dans le jardin
De notre amour serein,
Mon cœur effleurant le ruisseau
Sème de l’ormin en chemin.
Recouvrai-je enfin la vue
Par cette semence offerte ?
Puis-je une fois encore vivre
Le jour où je t’ai aperçu ?
Tellement belle…
Que ton rire
Enflamma l’ombre de ma vie
Causant ma funeste perte
D’un million d’heures inassouvies.
Tenu par les pieds, tête en bas,
Je regarde…
J’écoute aussi…
J’attends ton retour ici-bas.
© Manache Poetry