jeudi 22 janvier 2015

Donne-moi l’éternité.



Longtemps cachée par la froideur de la forêt
Je l’entends. Elle vient, ondulant comme un félin.
La voyez-vous ? Car vers moi elle avance.
Dissipant d’un simple regard la foule d’idée,
Aux lueurs des lucioles, elle ouvre un chemin.
Porté par les vents chauds de ma délivrance,
J’oublie les songes brumeux de mes yeux rougis
Et piétine l’affreux cafard rongeant ma vie.
Voyez, je tends les mains car je l’entends qui vient.

Oh! Flamme sacrée qui lèche mon être entier
Si incandescente est ta lumière qui m’étreint.
De la tête au pied tu ravives la chaleur perdue
Du chant de la fleur à l’envolée du grillon.
Tu adoucis dans l’instant la pente du sentier
Où renait l’amour qu’en chemin j’avais oublié.
Les pétales du jasmin embaument ta venue
Et me montrent le doux refrain de ta chanson
Qu’un fleuve pousse vers des rivages lointains.

Les oiseaux s’affolent aux branches du flamboyant.
De leurs ailes s’envole un ruban rougeoyant
Formant à mes pieds un épais tapis de feu.
Le fromager s’incline et mon ciel s’éclaircit
Car sur ma joue se pose le baiser ardent
De celle qui, venue des cieux, fleurit la vie
Et souffle sur les braises noircies de mes yeux.
Sur mon âme, plus douces qu’une aile de papillon,
Tes lèvres dansent aux rythmes de ma passion.

Oh! Flamme sacrée qui lèche mon être entier
Si incandescente est ta lumière qui m’étreint.
Seras-tu là près de moi, au lit allongée,
Pour admirer le soleil levant du matin…
Oh! Femme rêvée donne-moi l’éternité.

© Manache Poetry

mercredi 7 janvier 2015

L’aurore venait à peine d’éclore.



Oui, j’aimais l’entendre dire…
« Rêveur !
Oui, toi ! Mon cœur ! À contretemps encore ! »
Les yeux au fond de mes souliers troués
Je ne vis rien venir
Une fois encore.
Son ombre sous mon nez fut diluée
Près d’un flamboyant du jardin en fleur.

L’aurore venait à peine d’éclore.

Je perdis de vue son rire…
Son cœur.
En forêt, le fil d’Ariane à la main,
Je pris le layon menant au ruisseau.
Emporté par un reflet de lune,
Toute la nuit, je cherchai son écho,
Accrochant une luciole à mon étendard
Pour ne plus jamais avoir peur du noir.
Mais, serpentant entre les hauts roseaux,
Je ressortis noirci par les fusains.
Pour me purifier dans la lagune,
En chemin, je pris un brin de jasmin
Et me lavai avec le plus grand soin.
Puis j’enfermai le froid
Au fond de l’eau,
Enfouissant mon effroi dans ce tombeau.
Oui, j’aimais l’entendre dire
« Rêveur ! »

L’aurore venait à peine d’éclore.

Voyage au bout d’un mirage je vis…
L’ibis.
Assis sur un nuage, il me dit :
« Que cherches-tu au royaume des morts ? »
« Ami, j’ai fait tant de projets jadis,
Perdu… sans existence, je suis maudit. »
Me fixant les yeux, il me répondit :
« Laisse la pluie se noyer dans le feu
Et, par une nuit, tu toucheras son corps »
Me frappant de son bec, je m’endormis.
Hagard, sans espoir, ce fut au matin
Que son noir regard me baisa les yeux.
Sous le choc, dans les cieux…
Elle m’apparut.
Mais au réveil du coq elle disparut.

L’aurore venait à peine d’éclore.

Oui, elle aimait à le dire
 « Rêveur ! »
Oui, toi ! Mon cœur ! À contretemps encore ! »
Une senteur orangée dans les cheveux
Que le vent enlaçait d’un tourbillon
De mille gemmes aux lueurs enflammées.
J’aimais la voir, baignée dans le bonheur,
Flirtant avec les fleurs à l’unisson
Pour les jours futurs où nous seront vieux.
Oui, j’aimais l’entendre dire…
 « Rêveur !
Oui, toi ! Mon cœur ! À contretemps encore ! »

Oh ! J’aimais t’entendre dire
« Rêveur ! »
De tes lèvres naissait un sourire.
Les yeux au fond de mes souliers troués
Ton âme sous mon nez s’est échappée
Près du flamboyant aujourd’hui en fleur.
Oui, j’aime t’entendre dire
Rêveur…
Encore ! Dis-le encore… Encore !…
Je pleurs mais dis-le encore
« Mon cœur »

L’aurore vient tout juste d’éclore.


© Manache Poetry