mercredi 31 décembre 2014

Ô diablesse !



A l’instant
Je ressens
Sur mon flanc
Frémissant
La morsure humide de tes lèvres
Laissant deux empreintes bleutées rosées
À la lueur de mon corps fragmenté.
Avec l’habileté de l’orfèvre
Tu joues savamment avec la bouche
Et déposes comme les saveurs d’une fleur
De doux baisers
En petites touches
Sur les interstices de mes cuisses.
Ô diablesse !
Ainsi effleures-tu mon cœur
Comme le ferait le peintre sur l’esquisse.

Sentiment
Imminent
Ton regard
Vient plus tard.
Tes cheveux, exquis ruban déferlant,
Telle une vague aux saveurs orangées
Sèment de ma nuque… aux chevilles
De véritables sentiments.
J’aime
Et meurs aux lueurs de l’obscurité.
Semblable à une tendre brindille
Vois dans le noir
Comme je me coupe
Vois se briser mes os saillants
Brulants.
Ô diablesse !
Ainsi effleures-tu mon cœur
Comme le ferait la mer au firmament.


© Manache Poetry

Photo : je ne sais pas

samedi 20 décembre 2014

Une Feuille


Je suis feuille morte dans un jardin déchu.
Malmenée par Éole et ses vents incessants
Je tourbillonne de bas en haut violemment
Et ne peux éviter tous écueils survenant.
Jetée au sol, recueillie désespérément
De pierre en arbuste, j’attends le moment venu
Où mon limbe déchiré par les blessures
S’effritera dans une ultime morsure.


Je suis feuille morte
Seul le vent m’emporte.


Je suis submergée par les diamants de la pluie.
Il se forme au sol, brillant et violent, un ruisseau
Qui m’emporte brutalement au fil de l’eau.
Sous le regard voilé de la lune qui luit,
Meurtrie par les gouttes tombant en rideau,
Je tournoie au gré des remous tel un radeau
Redoutant la vague par laquelle ma couleur
Se diluera dans les flots acides des pleurs.


Je suis feuille morte
Brulée par l’eau-forte.


Dans ce jardin qui un temps fut resplendissant
Je suis devenu un matin cette feuille.
Attendant dans ce palais jadis verdoyant
Que le temps immuable ferme le cercueil
Oubliant derrière lui qu’une vie fut aimée.


Oui, j’ai l’âme morte
D’un royaume en ruine
Foudroyé au départ de son héroïne
Et dont la splendeur à jamais fut emportée.


Comme une feuille morte
Regardant les branches
Du chêne effeuillé qui finira en planches,
Je regrette les heures où près de mon amour
S’épanouissait chaque matin le mot toujours.


 
© Manache Poetry


Photo : Secret garden by Slevinaaron

vendredi 12 décembre 2014

Minute de silence


Chut !
Pose un doigt sur ta bouche
et arrache de ton cœur
la solitude qui cache
cet amour qui nous attache
et infiniment me touche.

Chut !
Minute de silence
pour mon seul amour immense
qu’un matin est mort
me plongeant tout d’abord
dans le silence de la peur.

Serrant ta main […]
dans mes deux mains
je priais pour un lendemain.
Ta bouche pliée de douleur
semblait dégueuler le malheur.
Mais ton dernier souffle m'a dit
qu’à jamais serait interdit
pour moi la fin de la chanson.
Alors, il me reste le son
de ta voix remplie de bonheur.
Et je dis en écho à mon malheur :

Chut !
Minute de silence.
Chut !
Pour mon amour immense.



© Manache Poetry

mardi 9 décembre 2014

Une fois la lune venue


Une fois la lune venue
mon âme en flot de satin
telle la douceur d’une aile
sur toi ruisselle
Elle
qui chaque matin
chagrin
se meurt du jour revenu.

La nuit nous autorise
ce que le jour interdit.
Dans la sombre ruelle
l’âme chancelle
Elle
longtemps engourdie
sans vie
s’abandonne à sa guise.

Allongés sur les pavés
la lune nous surveille
et nous offre l’éternité
jusqu’au jour qui s’éveille.

Dans l’obscurité mes doigts
dessinent le fil de tes yeux
comme le ferait un pinceau.
Juste oser frôler
ta peau
Juste oser toucher
ton feu
qui embrase mon émoi.

Près de toi ainsi lové
j’en ai le souffle coupé
Oh, dis peux-tu voir
mes yeux
Mon étoile est presqu’
à toi
Car la nuit est presqu’
à moi
Allongé sur les pavés
je touche l’éternité.



© Manache Poetry

Voici l’insomnie


Amis,
Je ferme les yeux
Soufflant la lueur des lieux
Je laisse mon corps s’élever
Et mon esprit s’échapper.

Mon voyage commence
Vers un endroit familier
Nommé ma transhumance
Au goût si particulier
Qui nourrit ma démence.

Chaque minuit approchant
Dans la chambre sans un bruit
Je sens une main me frôlant
Venue droit de l’abîme
Où mes délires de la nuit
Sont aux pieds des Nephilim.

Vibrants en chant sublime
Leurs voix me tiennent éveillé
Fantasmant sur ces géants
Au fond du lit, épinglé
Seul mon désir s’anime
D’un exquis frémissement.

Amis,
Voici l’insomnie
L’endroit des pestilences
Un endroit qui empeste l’effroi de mes silences
L’endroit que je déteste et qui soudain m’envahie.
 



© Manache Poetry

Photo : Alain Fleischer - L’homme dans les draps
 

Moi, je pleurs

Ami !
Mon ami, entends-tu l'arbre qui meurt ?
Mais aussi entends-tu le cri qui m'enchaîne
aux vastes étendues du malheur de ma peine ?
Et puis,
vois-tu le vide dans ma demeure ?
Ce vide cruel qui me laisse à l'abandon
et qui à jamais me fait perdre la raison.


Mon ami,
vois-tu l'étendue de ma peine ?
Entends-tu
dans ma chair ce cri qui m'enchaîne ?
L’entends-tu ?
Hurlant tel un innocent dans une prison
envoyé à la mort sans aucune raison.
Mon ami !
Dis-moi ? Voyant ton amour sans vie
sans couleur,
que ferais-tu face à ce malheur ?

Moi, je pleurs
Puis je crie
Et je pleurs
puis Je crie.



© Manache Poetry

Allongée sous un voile




Allongée sous un voile
Une main sur le sein posée
C’est ainsi que je la vis.
Il me sembla qu’un ange
Silencieux veillait sur elle.
Il déposa sur le lit
Quatre gouttes de rosée.
Puis décrocha de son aile
Lentement une étoile
Qu’il projeta dans le ciel.

Allongée sous un voile
Une main sur le sein posée
C’est ainsi que je la vis.
À ses pieds une mésange
Cachant dessous son aile
Une rose couleur rubis.
Une fois l’oiseau envolé
Le tableau devint réel.
Les couleurs sur la toile
Disparurent dans le ciel.

Approchant tel un enfant
Vers la belle endormie
Je sus l’instant important.
De pleurer me vint l’envie

L’ange déployant ses ailes
Rejoignit le paradis
Me laissant seul près du lit
Pleurant ma mère mortelle


© Manache Poetry